En République démocratique du Congo, les souffrances se vivent souvent en silence. Le pays est meurtri par des années de conflits armés. Il souffre d’insécurité chronique et de pauvreté. Les violences basées sur le genre (VBG) frappent des milliers de femmes et de jeunes filles. Parfois, elles touchent aussi des hommes. Ces violences brisent des vies, des familles et des avenirs.
Chaque jour, dans des centres de santé ou des lieux d’écoute discrets, de nouvelles victimes franchissent la porte. Le regard est fuyant, le cœur est lourd. Les victimes portent en elles des douleurs que personne ne devrait jamais connaître. Ces blessures, souvent invisibles, demandent plus que des soins médicaux : elles nécessitent de l’attention, de l’écoute, de l’empathie. Et surtout, de la dignité.
Quand la technologie se met au service de l’humain
C’est dans ce contexte que eGov Africa, une organisation humanitaire d’innovations et de l’action sociale, a décidé d’agir. Consciente de la détresse des survivantes, elle a développé une solution numérique au service de l’humain : le système eGov.
eGov, un système multisectoriel au service de la santé
eGov est un système électronique multisectoriel. Il intervient dans les domaines des taxes, des finances, de l’éducation, de l’état civil et de la santé. Accessible via tablette ou smartphone, il fonctionne même dans des zones à faible connectivité.
Dans le secteur de la santé, eGov facilite l’enregistrement sécurisé des naissances. Il enregistre aussi les cas de violences basées sur le genre (VBG). Cette démarche assure une prise en charge complète. Il facilite la planification et le suivi des soins médicaux. Il facilite aussi le soutien psychosocial et de la santé mentale. De plus, il génère automatiquement des rapports statistiques utiles à la coordination des interventions.
Chaque utilisateur autorisé dispose d’un accès limité en fonction de son rôle. Cela garantit la confidentialité des données personnelles sensibles. Ceci assure également l’intégrité et la sécurité des données, conformément aux principes éthiques et aux standards en vigueur.
Ce n’est pas simplement une application. C’est un pont entre la douleur vécue et l’aide possible. C’est un outil numérique qui enregistre — avec respect et confidentialité — les informations sur chaque survivante. Il suit leur parcours de soins. Il rend visible leurs besoins auprès des intervenants.
« Grâce au système eGov, nous avons enregistré, dans notre organisation UCD, plus de 300 cas de VBG. Cette application a rendu notre travail sensiblement facile. Elle a également permis un enregistrement, une analyse et une extraction rapides des rapports liés à ce domaine. Et c’est grâce à ce même système que nous avons contacté nos bénéficiaires pour des séances de sensibilisation. »
— Merco Simini, cheffe de projet VBG, Union des Chrétiens pour le Développement (UCD)
Un accompagnement psychosocial au cœur de l’humain
eGov Africa met en œuvre le système eGov avec l’appui de partenaires engagés. Ces partenaires incluent LM International, l’Hôpital Général de Référence de Kyeshero, et l’Hôpital de Panzi. Plusieurs centres de santé et structures d’accompagnement psychosocial sont également impliqués.
Parmi ces partenaires de terrain figure l’Union des Chrétiens pour le Développement (UCD). C’est une organisation locale active à Goma. Elle utilise quotidiennement le système eGov pour améliorer la prise en charge des survivantes de violences basées sur le genre. Dans ses locaux, les survivantes sont accueillies avec dignité et respect. Ici, on prend le temps de parler, de consoler, de reconstruire petit à petit ce qui a été brisé.
« Quant à moi, mes parents ont été tués. Les agresseurs sont venus chez nous, ils nous ont violées, puis ont assassiné mes parents. Aujourd’hui, UCD nous a rassurées qu’elle est là pour nous prendre en charge. Cela m’a redonné espoir. Je pensais que je resterais seule, sans soutien. Grâce à UCD, j’ai retrouvé une famille, je dis merci. »
— Zawa, survivante prise en charge par UCD, Goma
Grâce au système eGov, les équipes peuvent noter les étapes de chaque prise en charge. Elles suivent les cas en toute confidentialité. Ainsi, elles ne perdent jamais le fil d’un accompagnement souvent long et délicat.
Une prise en charge médicale respectueuse
Lorsque la blessure est aussi physique, les survivantes sont référées à l’Hôpital Général de Référence de Kyeshero. Là-bas, les équipes médicales accueillent avec professionnalisme et compassion. Même sans ressources, les survivantes sont prises en charge, sans attendre, sans jugement.
«Après nous avoir violées, nous avons été conduites à l’hôpital de Kyeshero Goma. Là-bas, nous avons été bien accueillies, même sans avoir 100 francs congolais. Je n’ai pas de ressources, mais on m’a examinée et traitée avec soin. Aujourd’hui, je suis en meilleure santé. J’étais profondément abattue, sans repères, mais maintenant je commence à retrouver ma dignité. »
— Sifa, bénéficiaire d’une prise en charge médicale à l’Hôpital de Kyeshero, Goma
Ici encore, le système eGov permet aux soignants de travailler avec précision, tout en protégeant l’intimité de chaque personne.
Au-delà des données, sauver des vies.
Ce que permet le système eGov, c’est bien plus que des statistiques. C’est la possibilité de voir chaque survivante comme une histoire, pas comme un chiffre. Les données collectées permettent aux organisations de mieux planifier leurs actions. Elles aident aussi à sensibiliser et à mobiliser des ressources. Surtout, elles servent à orienter les victimes vers des programmes d’autonomisation, d’éducation ou de résilience économique.
Parce que la guérison ne se limite pas aux soins. Elle se construit dans le temps, avec de la confiance, du soutien, et des opportunités pour se reconstruire. En investissant dans des solutions comme eGov, nous pouvons mieux répondre aux besoins urgents. Nous pouvons également jeter les bases d’une société plus juste, plus attentive et plus résiliente.
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